samedi 2 juillet 2011

Il y a le ciel, les impôts et la mer



Alors voilà, ce week-end j’ai décidé d’aller à la plage. Oui parce que le combo soldes/grosses chaleurs commence sérieusement à ébranler ma santé mentale. Tout a débuté par des visions de blonde en boa, moon boots et mitaines par 40 degrés et maintenant des hallucinations auditives... Quelque soit l’endroit où je me trouve, les gens finissent toujours par me proposer cinquante pour cent de réduction sur le deuxième article acheté. C’est pô normal.

C’est vrai qu’en ce moment c’est un peu la phrase clé de l’argumentaire commercial, mais j’ai des doutes quand ça vient d’une dame de la cité administrative. Surtout qu’elle est un peu fâchée parce que je suis en retard d’un petit mois dans ma déclaration d’impôts. Ben oui 30 mai, 30 juin j’ai confondu. Mais promis juré c’est pas de ma faute, au début je pensais déclarer mes impôts en ligne parce qu’on avait du rabe de temps mais finalement mon ordinateur a planté rapport à une erreur 404 page not found, je crois.
La dame me regarde comme si je débarquais de Pluton.

Vous avez le formulaire?

Le formulaire chelou que mon ordi a pas voulu télécharger?

Celui que l’administration vous a envoyé, me balance t’elle, glaciale.

Elle me fixe de ses yeux revolver derrière des lunettes à triple foyer qui renforcent nettement le sentiment passager de mépris que je lui inspire. Et qui lui font une tête de grenouille sous speed soit dit en passant. Flash back d’angoisse. J’ai l’impression d’être en terminale en cours de bio et que la prof me demande de donner une définition succincte mais précise de l’ADN.

Une double hélice en 3D qui tourne et qui contient pleins d’infos génétiques compliquées ?



Ah oui non, le papier des impôts, tenez.

C’est votre avis d’imposition de l’an dernier.

Finalement au bout de deux factures edf, un tract contre le nucléaire, un autre pour une alimentation saine à base de germes de soja, une ordonnance pour des compléments alimentaires boosteur de mémoire et un ticket de métro, je lui sors le foutu papier.

Vous êtes passible d’une majoration de 10% et d’intérêts s’élevant à 0,4% par mois de retard.

Grand vide dans mes yeux et dans ma tête.

Mais vous pouvez bénéficier d’une réduction de cinquante pour cent pour le deuxième acheté.

Ahahaha je vois. C’est bien tenté mais non. Je conclus à une hallucination de plus et décide fissa de m’enfuir loin de ce monde de paperasse et de chaleur. En signe d’adieu je fais une pirouette à la dame à lunettes (qui porte un boa et des mitaines à présent) et m’enfuis sur l’asphalte bouillant direction la voiture, la route, la mer.

Après quelques heures de trépignements, de changeages intempestifs de stations de radio, de chants très faux et très fort sur girls just wanna have fun et d’un très ferme " si tu continues je t’abandonne sur une aire d’autoroute " du conducteur, je prends mon air de chat potté dans Shrek pour l’amadouer et nous arrivons enfin.

La plage de sable fin est bondée de touristes allemands (tiens le germe de soja maléfique ne les a pas tous éradiqués ?)

Qu’importe, j’impose avec grâce ma serviette de plage entre un groupe de pré ados rouge vif en pleine partie de football et une famille teutonne bien à l’abri sous un parasol démesuré. Il me faut un maximum de cran pour ne pas hurler sur le cadet qui m’envoie depuis un quart d’heure de copieuses pelletés de sable sur la gueule. Au lieu de ça je le fixe durement derrière mes Ray-ban en murmurant des insultes en allemand qu’il finit par entendre puisqu’il hurle soudain et se jette dans les bras de sa génitrice.

A partir de ce moment j’ai droit à un silence d’église de ce coté de la serviette et de regards vaguement flippés de la part de toute la famille. Ça c’est fait. Reste à crever incognito le ballon des apprentis ronaldo à ma gauche et mon bonheur sera complet. Gnignignignigni. Comme je n’ai pas de couteau suisse sur moi, j’envisage d’exploser l’objet du délit avec les dents ou une branche de mes lunettes mais je me ravise bientôt car la partie de foot est terminée. Je remercie dieu sable et dieu soleil de leur avoir cramé les pieds ainsi que dieu nicotine d’avoir encrassé leur poumons.

Mon répit est de courte durée puisque le plus essoufflé du groupe (un spécimen arborant coupe mulet/joueur de foot des années 80, lunettes aviateur du marché et maillots de bain baywatch) allume d’un coup un simili ghetto blaster de plage que je n’avais pas vu.

La chose en plastique hurle quelque chose comme laisse moi zoom zoom zang dans ta benz benz benz. A choisir j’aurais préféré les bruits de la forêt équatoriale enregistré en boucle de deux heures mais on est pas là pour parler programmation musicale, hein les gars changez rien. Surtout que tout le monde autour de moi à l’air content content. Même la famille Wurst à côté reprend en cœur le refrain, y voyant sans doute un hommage à la fiabilité des voitures germaniques.

Je suis un peu lasse à présent, abattue comme une candidate de télé crochet à qui l’on vient d’annoncer qu’elle ne reviendra pas en deuxième semaine.

Comme il ne me reste plus que la mort par pic glycémique, je décide de noyer mon chagrin dans un seau de chouchous (oui vous savez ces petites cacahuètes enrobées de sucre à deux cents calories la poignée). Je hèle mollement un vendeur ambulant de ces délicieuses saloperies et lui demande le prix pour un sachet.

Cinq euros. Mais je vous fais une ristourne si vous m’en prenez deux.

Comment on dit "et merde" en allemand ?

GrandeGalope

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