lundi 20 juin 2011

Cruel summer



Je hais le sport. C’est un fait.

Mais voilà, depuis que j’ai basculé du côté sombre de la trentaine, c’est à dire la trentecinquaine, les petites rondeurs cheloues qui disparaissaient après un jour de diète ou une bonne nuit de cuite à vomir tous les shooters de la veille, et ben elles restent.

Elles s’installent même.

Façon papier peint en relief sur le ventre et sur les fesses. Un régal pour les yeux si on est versé dans le body art natural et freaky, mais c’est pas le cas de la plupart des garçons.

NORMAUX j’entends.

Du coup quand j’entend Maria de Medeiros parler à Bruce Willis dans Pulp Fiction de sa "petite brioche" comme celle de "Madonna dans Lucky Star", j’ai envie de lui acheter des lunettes, ou de lui faire manger des lunettes, au choix. Mais ça vient peut être de sa voix d’attardée minaudante.

Quelle brioche ?

Dans cette scène, l’actrice a la silhouette d’une éthiopienne au régime. Fuck Hollywood.

Et aussi fuck les copines avec qui t’achètes un maillot de bain.

Toi t’es dans la cabine du h&m local, engoncée dans un bikini taille 38 scandinave (c’est à dire un vrai 40) qui te fait ressembler à une paupiette blanchâtre.

Comme c’est ton douzième essayage et qu’objectivement ce dernier est le seul qui n’a pas craqué durant l’exercice (grâce aux liens qui permettent de relâcher la pression sur les côtés) tu t’arrêtes de respirer et tente une sortie.

Là, ta pote t’attend déjà face au miroir, flottant dans un 34, ou peut être même un modèle ENFANT. 


"Le une pièce bustier c’est pas trop sophistiqué pour la Grande Motte ? et pour bronzer ?"

A ce moment là, tu ravales un "mais merde, tu te nourris de polystyrène ou quoi ?" et rétorque très sérieusement à la manière d’une Cristina Cordula hystérique (l’accent rio do brasil en moins) : "Tu plaisantes chérie ? on est JAMAIS overdressed à la plage. Tiens, prends aussi les tongs à talons pailletés et le sac trolley rose fushia. Quoi le sable dans les roulettes? T’inquiète, c’est so trendy à Maï a maï. Miami, pardon."

Voilà, ça t’enlèvera pas tes kilos de graisse sur les hanches, mais l’imaginer en talons et valise flashys ensablée jusqu’aux chevilles sur un plage miteuse du languedoc te fais sourire, puis ricaner comme la méchante dans un Disney. Après tu t’effondres dans la cabine, sanglotant devant l’image réaliste mais cruelle que te renvoie le miroir. Tiens comme ça on dirait un panda paupiette, de mieux en mieux.

Trop c’est trop.

Alors comme chaque année, tandis que fleurissent bourgeons sur les arbres et conseils minceur avant l’été dans les magazines, je me décide pour l’inscription en salle de sport.

Cette année un concept innovant et américain me fait de l’œil. Selon la plaquette d’information, il s’agit de mincir en 30 minutes seulement. 3 fois par semaine. Club réservé aux femmes.

Du coup, ça évite le compromis délicat d’essayer d’être bonne en faisant des efforts, puisque point d’homme surgaulé et sexy à l’horizon. Je me vois déjà frôlant l’arrêt cardiaque sur le cardio training, transpirante et rouge brique dans mon survet’ gris chiné immonde, la honte en moins. Le rêve.

J’arrive tout sourire, des fantasme de minceur plein la tête au centre le plus proche de chez moi. Là une prof svelte mais pas trop bonne déblatère pendant un bon quart d’heure sur les bienfaits de la méthode, le suivi par carte électronique de mes progrès pour cinq euros de plus par mois, bla bla bla mon cul sur la commode.

Avec les droit d’inscriptions ça fait 627 euros pour un an, mais je vous fais un prix hein, et vous pouvez payer par prélèvement tous les mois. Voilà, vous signez là.

Bon, ça fait cher la séance express mais bon, j’ai pas fait tout ce chemin pour caler au dernier moment.

Du coup je signe trente exemplaires de contrat et une décharge permettant à la salle de sport de nier toute responsabilité en cas de décès brutal de ma personne sur l’une des machines.

Puis vient l’heure de la pesée. Moment fatidique dont j’ai tenté de désamorcer l’impact en ne mangeant rien depuis deux jours. Rien que le fait de monter sur la balance, j’ai la tête qui tourne violemment et des petits points blancs apparaissent devant mes yeux.

Pas suffisamment cependant pour m’empêcher de voir mon vrai poids. Pas l’habituel affiché par ma balance électronique déréglée mais néanmoins sympathique.

A travers mes larmes naissantes je distingue le nombre suivant: 59.5. Je lève un pied: 59.5 kg. Je me penche un peu en arrière: 59.5 kg. Je saute légèrement sur place: 59.5 kg.

Là, la prof m’interrompt et me dit : vu votre taille, votre âge, celui du capitaine, vos mensurations et la conjoncture actuelle ça vous fait un Indice de Masse Graisseuse de 34.2.

Silence.

Et c’est bien ça?

Ben, la tranche normale se situe entre 25 et 30.

Donc je suis une otarie flasque sans espoir de normalité, vouée à la déchéance et à la bouffe allégée à vie?

Là, elle prend l’air rassurant du docteur qui vous apprend que oui vous avez un cancer mais que oui un traitement à base de rayons mortels existe et peut vous permettre de survivre jusqu’à la toussaint, et m’annonce fièrement que grâce à un régime adapté, une fréquentation quotidienne du centre et pourquoi pas de la course à pied tous les week-end, je pourrais envisager de diminuer mon IMG d’à peu près 10% au cours des six prochains mois.

Sans être très douée en maths, un rapide calcul mental m’apprend que je serais sans aucun doute une sublime bombasse d’ici quatre à cinq ans.

Ah oui, mais là j’aurais atteins la quarantaine et aurais très certainement sombré dans la dépression rapport à mon âge, les rides, la préménopause, tout ça tout ça.

Et sinon, ils font pas une ligne Big is Beautiful chez h&m ?


GrandeGalope

1 commentaire:

  1. Je me suis tellement sentie souvent telle une otarie flasque...


    je suis de tout coeur avec vous.

    :)

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